Quoi de neuf en Europe ?

Quoi de neuf en Europe ? - Ursula von der Leyen parle d’une « Pax Europaea »

© Wikimedia Commons - Christoph Sager (Remise du Prix Charlemagne 2025 à Ursula von der Leyen) Quoi de neuf en Europe ? - Ursula von der Leyen parle d’une « Pax Europaea »
© Wikimedia Commons - Christoph Sager (Remise du Prix Charlemagne 2025 à Ursula von der Leyen)

Chaque semaine sur euradio, Perspective Europe, l'association du master "Affaires européennes" de Sciences Po Bordeaux, revient sur l'actualité bruxelloise et européenne

Alors Fanny, dites-moi : quoi de neuf à Bruxelles ?

Alors ce jeudi, Ursula von der Leyen, a appelé de ses vœux la création d’une « Pax Europaea » durant un discours à Aix-la-Chapelle en Allemagne. La présidente de la Commission européenne devait en effet recevoir le prix Charlemagne à cette occasion.

Simple curiosité, quel est ce prix Charlemagne ?

Le prix Charlemagne d’Aix-la-Chapelle est décerné depuis 1950 à des personnalités engagées pour l’unification européenne. Parmi ses lauréats, on compte notamment Richard Coudenhove-Kalergi, Jean Monnet ou Robert Schuman, tous de fervents promoteurs du projet européen. De grands hommes politiques européens et internationaux ont reçu ce prix, dont Emmanuel Macron et le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Et cette année, c’est au tour d’Ursula von der Leyen de recevoir cette distinction.

Et pourtant, j’ai entendu dire que ce prix n’avait pas seulement été décerné à des personnalités…

C’est effectivement le cas. On dit toujours que l’exception confirme la règle. En 1969, 1986 et 2002, ce sont respectivement la Commission européenne, le peuple luxembourgeois, et l’Euro qui ont reçu ce prix. Des décisions à la fois surprenantes et compréhensibles, compte tenu de leur influence sur le processus d’intégration européenne.

Pour en revenir au discours d’Ursula von der Leyen sur la « Pax Europaea », qu’a-t-elle déclaré à ce sujet ?

Eh bien, la présidente de la Commission a réaffirmé dans son discours sa volonté de réorienter les priorités de l’UE vers la sécurité et la préservation d’une paix durable sur le continent européen. Dans un contexte de désengagement des Etats-Unis et d’émergence d’un nouvel ordre international, elle a souligné la nécessité d’édifier une Europe indépendante. Pour ce faire, elle a identifié quatre objectifs centraux : 1) augmenter les dépenses de l’UE en matière de défense, 2) renforcer l’innovation et la compétitivité pour stimuler la croissance, 3) étendre la sphère d’influence unificatrice de l’UE, 4) renforcer la démocratie en Europe.

Quelle analyse faire de ces déclarations ?

Rien de très nouveau à vrai dire. Elles reflètent les nouvelles priorités sécuritaires européennes, et son éloignement du Pacte vert et de la protection de l’environnement. Mais on voit que le ton s’affirme. On ne parle plus seulement “d’autonomie stratégique,” concept cher à Emmanuel Macron, mais plutôt d’indépendance. Ce qui signifie plus d’Europe, et moins des Etats-Unis. En tout cas sur le papier.

Sur le papier uniquement, c’est-à-dire ?

Eh bien, seul l’avenir pourra nous dire si ce discours n’était pas « all talk, no action. »

Car entre affirmer l’indépendance de l’Europe vis-à-vis des Etats-Unis, et la rendre effective, encore faut-il que l’ensemble des Etats membres s’unissent sur cette position. En effet les anciens pays du bloc de l’Est sont nombreux à apprécier la protection du parapluie nucléaire américain et que 64% des importations européennes d’armes dépendent des Etats-Unis. Il y a donc d’importants changements à engager de ce point de vue.

Le constat est donc clair si je comprends bien. Et… y-a-t-il eu des réactions suite au discours d’Ursula von der Leyen ?

A vrai dire, une réaction mérite d’être mentionnée. Il s’agit d’un post du commissaire européen pour la défense Andrius Kubilius sur X. Je n’ai pas pu m’empêcher de noter l’ironie de la situation. Le commissaire a jugé bon de reprendre le célèbre slogan « Make America Great Again » en le déclinant à sa sauce pour scander un « Make Europe independent again! ». C’est percutant certes. Mais peut-être s’agirait-il tout d’abord de ne pas copier les slogans trumpistes si l’on souhaite plus d’indépendance !

Un entretien réalisé par Laurence Aubron.